Quel avenir pour la réalité immersive dans un imaginaire vertueux et désirable ? 

Par Julien Tauvel, futuriste et spécialiste de design fiction, président et co-fondateur d’Imprudence, studio de création et de prospective à Paris.

 « Notre réalité demain sera plus synthétique qu’immersive. Moins augmenté ou virtuelle que diminuée, éditée, modifiée en temps réel.

Entre deepfakes, narrations génératives et à la demande et environnements booster à la technologie NeRF, la notion même de réel, comme perception collective partagée, sera à réviser.

Ces réalités exclusives deviendront-elles des bulles de filtres extrêmes, nous empêchant de faire société ? Ouvrent-elles au contraire des possibilités infinies pour la création et l’inclusivité ?

Cette tension est au cœur de l’utilité de ces technologies. Dans l’imaginaire techno-centrée nourri par la science-fiction, nous sommes tous des casques ou lunettes sur pattes, vivant « à côté ».

Cet imaginaire n’est pas durable – ni socialement, ni écologiquement (il nous reste à peine 30 ans de numérique selon Corinne Morel Darleux). Cette vision d’un monde réduit au divertissement personnel n’est pas compatible avec un futur désirable.

Pour que la réalité synthétique soit désirable, il faut qu’elle nous aide à nous reconnecter au vivant, à l’invisible, qu’elle nous donne de nouveaux pouvoirs de compréhension des autres, et du monde. Et non la possibilité de créer des oasis sur demande. »